Page de bienvenue Viande de brousse | Nouvelles Flash | Articles Viande de brousse | Photos Viande de brousse | Sites apparentés TROUVER LE PARADIS DANS UN CAMP DE CHASSE
* Convertir des braconniers en protecteurs *Journal of the Southwestern Anthropological Association
Vol. 38, Issue 3, January, 1998
Dr. Anthony L. Rose
The Biosynergy Institute, USA
Traduction par Dr. Daniel Bossut, Triangle Translations International
Voici un compte-rendu personnel de la vie dans un camp de chasse de viande de brousse d'Afrique Occidentale ; c'est le point de vue d'un défenseur de la faune sauvage qui croit que les gens et la nature peuvent être rachetés s'ils ont des chances de poursuivre leurs idéaux mutuellement synergiques.Cet effort a été supporté en partie par une petite donation de la Fondation Bellerive à Genève, Suisse.
Veuillez consulter Travel Document Systems pour les conditions actuelles de voyage et formalités d'entrée au Cameroun.
Je me suis rendu dans la province de l'est du Cameroun en mai 1997, avec un ordre du jour compliqué. Mon but principal était de participer à la vie de brousse des chasseurs commerciaux afin de pouvoir évaluer la possibilité d'en convertir quelques-uns en protecteurs de la faune. Un an plutôt j'avais participé à une conférence avec les fonctionnaires du Ministère de l'Environnement et des Forêts du Cameroun (MINEF) au cours de laquelle les facteurs qui affectent la "crise croissante de la viande de brousse" ont été discutés. Mon rôle en tant que psychologue en sociologie appliquée et promoteur était d'analyser la crise et de trouver des solutions inédites (Rose, 1996). Lors de réunions et de correspondances ultérieures avec un grand nombre d'experts indépendants, les assertions des fonctionnaires locaux selon lesquelles les projets de biologie de la conservation avaient échoués dans ce domaine furent confirmées. Il me semblait évident que pour changer une matrice enchevêtrée de valeurs humaines et contrôler une entreprise commerciale de plusieurs millions de dollars il fallait des scientifiques sociaux et des hommes d'affaires. Depuis l'élite des capitales nationales et provinciales payant un maximum de dollars pour un bifteck d'éléphant jusqu'aux chasseurs itinérants qui prennent des céphalophes bleus au collet et tirent sur les singes anthropoïdes pour les ouvriers des camp de l'industrie forestière, le tout est une affaire humaine.Les êtres humains que je connaissais le moins étaient ceux qui allaient en forêt tropicale pour chasser pour leur subsistance. Ils étaient aussi les gens qui tenaient dans leur main la décision cruciale --où viser et appuyer ou pas sur la gâchette. Pendant la conférence sur Viande de brousse du MINEF, j'ai parlé pendant 4 heures avec Joseph Melloh, un homme de 33 ans qui avait déménagé de sa maison natale dans la province du sud-ouest pour devenir chasseur commercial dans les forêts de l'est. Joseph avait déjà été repéré comme une personne qui pourrait être convertie en défenseur de l'environnement. Pendant nos discussions Joseph m'a invité à venir à son camp, vivre avec lui et sa famille, et découvrir par moi-même si ses compétences et son attitude étaient valables. Je lui promis que je reviendrais, et 12 mois plus tard je exécutais enfin ma promesse.
Tony au camp de jungle J'arrivai à Douala le jeudi 8 mai, c'est a plus grande ville du Cameroun et un des principaux ports de mer d'Afrique Occidentale. Le matin suivant je pris l'autobus pour la capital national Yaounde. Là j'ai rencontré mon collègue, le Dr. Kerry Bowman, un assistant social et bioéthiciste de l'Université de Toronto, que j'avais recruté pour travailler avec moi sur le projet. Kerry s'était arrêté à Yaounde au retour d'une conférence qu'il était aller donner au Cap. Il avait interviewé des chasseurs, des négociants et des consommateurs de viande de brousse pendant près d'une semaine et était pressé d'aller en brousse parce qu'il n'avait pas beaucoup de temps. Joseph Melloh arriva tôt cet après-midi et nous nous préparions à partir immédiatement pour la province de l'est. Joseph passerait presque deux semaines à voyager avec moi d'un bout à l'autre du Cameroun, à bord de taxis de brousse et de grumiers, dormant dans des maisons de passe et des hôtels insolites, vivant dans des camps de chasse et des villes de l'exploitation forestière.
Le samedi matin nous avons pris un taxi et roulé à l'est de Yaounde pendant cinq longues heures sur les routes cahoteuses d'argile rouge de l'industrie forestière. Nous nous sommes arrêtés à Abong Mbang, une ville carrefour à travers laquelle passent la plupart du bois de construction et de la viande de brousse en provenance de la province de l'est. Après être descendu à l'Hôtel Ngong, nous sommes allé au centre ville. Je me suis arrêté à un stand au bord de la route pour renifler un ragoût de singe qui sentait comme le mouton aigre que faisait ma grand-mère. Nous nous sommes contentés de bière et d'oeufs à un bistro très fréquenté, en pleine action du samedi soir. Un jeune homme débraillé et très schizophrène dansait au son d'une quelconque cacophonie interne à l'entrée de l'établissement, alors que les clients le contournaient avec déférence.
Carte du Cameroun
Cliquez pour une plus grande échelle"Est-ce que cet individu n'est pas en danger, à rester ici dehors avec la beuverie qui l'entoure? " j'ai demandé.
" Pourquoi serait-il en danger? " a répondu Joseph. " Si quelqu'un le touche il serait battus sur place et mis en prison. L'infraction la plus grave est de faire du mal à quelqu'un cet état. Nous prenons bien soin de tels individus ".
" Et s'il s'agissait d'un homme blanc? " a demandé Kerry.
" Nous devons prendre soin de tous les hommes blancs. Ils sont nos invités. Nous ne pouvons pas vous laisser malmener. "
Mon ami canadien et moi avons échangé un coups d'œil. " C'est bien mieux qu'en Amérique du Nord. Les étrangers et les fous l'ont à la rude où nous vivons. " dit Kerry.
" Si je venais dans votre pays, est-ce que ce serait dur pour moi? " a demandé Joseph.
" Pas si tu restes avec Kerry ou moi. Mais seul, tu aurais du mal. " j'ai répondu.
" Un jour que j'aimerais venir chez vous en Amérique." dis Joseph pensif.
Le reste de la soirée s'est passé sans histoire jusqu'à notre retour à l'hôtel à six dollars la chambre qui était aussi la discothèque et le bordel le plus populaire de la ville. Musique tonitruante et brailleurs rauques ont martelés les couloirs jusqu'aux petites heures. J'étais épuisé quand nous sommes partis tôt dimanche dans un autre taxi de brousse pour une autre autoroute d'argile rouge jalonnée de grands arbres. Après plus de trois d'heures nous sommes arrivés à Kagnol, le camp d'industrie forestière de style occidental au cœur de la concession SEBC. Après avoir laissé une carte de visite pour l'agent du MINEF, nous avons continué pendant une demie heure sur une route de grumier abandonnée, à travers forêt de plus en plus dense, jusqu'au camp de chasse de Tokasa.
Il était midi et le soleil vertical intensifiait les couleurs de l'argile, des plantes grimpantes, et des feuilles. Nous avons retiré notre équipement du coffre, payé le conducteur, et regardé la Toyota beige passer, tourner et disparaître. C'est alors que j'ai vu les papillons--petits ruisseaux et nuages de cristaux flottants jaunes, bleus, rouges et verts qui virvoletaient autour nous. Sur une colline au-dessus de la berme couverte d'herbe, se trouvaient quatre petites huttes faites de perches et de chaume tressées. Derrière elles, des arbres énormes très hauts, des lianes pendantes, des mousses, un mur de forêt sombre fait de bois et d'ombres, couleur émeraude et brossé de coup d'ailes blanches, une fleur rouge, des bandes de lumière dorée. Et autour - le silence. Le silence complet. J'ai soupiré. Et alors la forêt s'est remise à chanté. Un oiseau. Des crickets. Des abeilles, et le bruissement du vent haut dans la voûte de feuillage. Joseph m'a aidé à mettre mon matériel dans la hutte. Je me suis assis sur un banc dans la petite véranda et j'ai regardé la forêt. Un paradis inattendu et accueillant.
J'ai passé les sept des dix jours suivants au camp de Tokasa. De gros troncs abattus par des rafales de vent bloquaient la route à quelques kilomètres d'où nous nous trouvions. Aucunes autre voiture n'est venue. Plus loin il y avait cinq petits camps de chasse; le nôtre était le plus proche de la route principale. Pour aller de notre emplacement à l'auberge de Kagnol, il y avait 2 heures de marche à travers forêt. Cela voulait dire que quelque soit le direction d'où l'on venait tout le monde devait passer par Tokasa pour y laisser des paquets, se reposer ou visiter. Le troisième jour, Kerry dû aller à pied et en auto-stop à Yaounde, pour attraper un avion pour retourner au Cap. Je me suis souvenu avec reconnaissance de ce que Joseph avait dit à propos de leur soucis pour les invités et les étrangers, maintenant que j'étais le seul homme blanc dans la forêt. La femme et les enfants de Joseph sont arrivés avec d'autres hommes et d'autres familles. Le camp commençait à se remplir. Chasseurs, trappeurs, négociants de viande de brousse, ramasseurs de fruit, miel, plantes médicinales--plus que 40 personnes en tout sont venus s'arrêter et dormir au camp de Tokasa pendant que j'étais là.
La plupart était des hommes de villes et de villages Bantous de la province de l'est qui retournaient en forêt au début de la saison des pluies. Ils venaient avec des fusils loués, une poignée de cartouches, et du matériel pour fabriquer des collets et des pièges-de quoi attraper assez de viande à revendre au marché et faire soit de petites économies ou des achats pour la famille restée au pays. Du lever au coucher du soleil ces hommes travailleurs marcheraient péniblement jusqu'à ma hutte pour serrer la main à l'étrange Américain aux cheveux gris qui était venu vivre dans leur milieu.
L'introduction de Joseph ouvrait le dialogue--" mon ami le Dr. Anthony est ici pour apprendre comment nous vivons et voir si nous pouvons vivre mieux. " Certains étaient timides et parlaient peu. La plupart était heureux de me voir, et beaucoup étaient visiblement exaltés de rencontrer un homme blanc qui pouvait les prendre telqu' ils étaient, sans jugement. Beaucoup était avenants.
Etienne était venu chasser pour la première fois quelques semaines plus tôt. Après la mort de sa mère, lui et ses plus jeunes frères ne pouvaient plus faire faces à leurs besoins de subsistance. Ils se joignèrent aux hommes du même âge de son village dans l'espoir de gagner quelqu'argent. Pendant que nous parlions ses compatriotes m'ont montré leur prises. Un céphalophe rouge et deux bleus, deux singes-- fraîchement tués le matin. Ils avaient aussi deux porc-épic et deux céphalophe fumés du jour précédent. Etienne n'avait pas de fusil, mais ses amis lui apprendraient à utiliser le leur. À la fin de la saison il espérait avoir économiser suffisamment pour retourner à son village et agrandir la ferme de la famille. Il était plus audacieux que les autres, et a demandé si je pourrais lui obtenir un petit appareil-photo--il aimerait être photographe.
Revenant tard d'une promenade dans la forêt un après-midi, je trouvai un chasseur plus expérimenté assis autour du feu devant ma hutte. Marcel tenait une relique de fusil dans une main et désignait de l'autre la viande qu'il avait déposé à fumer sur la grille au-dessus de mon feu. Deux singes et un céphalophe rouge abattus au fusil, deux porcs-épics attrapés au piège. Une " piètre prise " a-t-il expliqué. Marcel s'était arrêté pour se reposer en route pour le camp de l'industrie forestière. Il avait su qu'un oncle était mort à son village et il devait y revenir pour l'enterrement. La vente de la viande à Kagnol lui rapporterait assez d'argent pour payer son passage dans la benne d'un camion --approximativement $10. J'ai demandé s'il avait jamais chassé des singes. Il m'a dit que 2 semaines plus tôt il avait tiré un chimpanzé. Il était trop lourd pour le transporter, et lui et quelques autres chasseurs en avaient mangé les pieds, les mains et les entrailles; puis il en avait vendu les plus grand morceaux, le râble, les jambes et les bras, pour $17. " Seras-tu chasseur toute ta vie? " ai-je demandé. " Non, bien sûr. " Marcel espère économiser assez d'argent pour ouvrir un magasin dans son village. Mais cela lui prendra encore 2 ans ou plus, avec de la chance.
Joseph appris que pendant qu'il se trouvait à Yaounde pour me rencontrer, un gorille avait été tiré et abattu approximativement à 15 kilomètres au-delà notre camp par la route. Sa carcasse avait été déposée juste ici devant ma hutte, avant d'être emportée par camion jusqu'à la route où elle a été acheminée à Bertoua, la capital provincial.
" Mon ami a tiré beaucoup de gorilles, si tu voulais le rencontrer. Mais nous aurons besoin d'une voiture. " suggéra Joseph.
Une semaine plus tard nous avons été pris par un reporter du Magazine Stern. Nous avons parcouru 50 kilomètres sur un chemin en terre relativement encombré jusqu'à un camp haut de gamme fait de maisons de boue et de bois. Dans une nouvelle maison de cinq pièces à moitié construite un beau jeune homme au regard clair et au nom de " Davide " nous a salués. Nous avons examiné trois crânes de gorilles abattus plusieurs mois auparavant. Il nous fit remarqué les neuf trous qui représentaient les neuf premières balles de la cartouche de Chevrotine. "C'était un coup parfait."
Davide expliqua qu'il venait de vendre trois carcasses fraîches de gorille --un male au dos argenté, un jeune mâle, et une femelle--à une femme, une cliente régulière. Elle vient chaque semaine pour ramasser de la viande pour des clients de Bertoua. Joseph nous dit que Davide était très fort pour trouver des gorilles dans la forêt proche: en trois mois il en avait fourni vingt pour le marché de viande de Bertoua. J'ai demandé à Davide s'il aimait tirer des gorilles.
Joseph et ami avec crâne de gorille " Sûrement pas. C'est un travail dangereux et très dur. Mais si je les trouve, je dois utiliser le fusil que m'a donné mon protecteur dans son but, " a-t-il répondu. Davide espère économiser suffisamment d'argent pour un jour quitter la vie de chasseur.
" C'est un brave homme. Tout à fait digne de confiance et honnête. J'aimerais le prendre avec moi pour aider à protéger les gorilles et les chimpanzés dans la forêt, " dit Joseph. Auparavant j'avais demandé à Joseph quand avait-il tué un gorille pour la dernière fois. "
J'ai tiré un seul gorille dans l'année depuis que je t'ai vu, " il a répondu. " Je sais que toi et les autres vous ne voulez pas que je les chasse encore. Je n'ai plus de fusil, et j'ai commencé à cultiver la terre. " Mais maintenant, il expliqua qu'il était arrivé au bout du rouleau.
" Le mois de mai est le moment de finir de planter le maïs et le casaba pour les récolter en automne. En juillet ma famille récoltera des fruit et du miel pour les préparer et les vendre. Mais pour juin nous n'avons pas assez pour subsister. C'est pourquoi je dois recommencer à chasser. "
Je lui ai demandé de combien d'argent il avait besoin. Il a calculé et a répondu que $120 lui permettrait de passer les six prochaines semaines. Après cela, l'arrivée des fruits devrait lui permettre de tenir jusqu'à la récolte de l'automne. Je m'imaginais qu'en six semaines Joseph pourrait tuer une douzaine de grands singes, autant que son jeune ami Davide.
" Ne chasses pas, Joseph. Nous allons faire un contrat, " j'ai dit. " Si tu tiens un journal dans lequel tu écris chaque jour ce que tu fais, et que tu m'en envoies une copie tous les 2 ou 3 mois, je te donnerai l'argent dont tu as besoin pour ne plus chasser et pour t'aider à commencer à protéger les animaux en danger. "
Joseph était visiblement content. " Je vais chercher du papier et un stylo et je commence aujourd'hui, " a-t-il déclaré.
Après avoir conclu notre accord, j'ai ressenti un profond soulagement. Pendant des jours je m'étais débattu avec une énigme difficile. Pour aider les anthropoïdes il faut faire confiance aux tueurs d'anthropoïdes. En spécialiste professionnel d'Amérique du Nord, j'avais besoin d'une preuve raisonnable que Joseph n'utiliserait pas l'argent pour louer un fusil, acheter des cartouches, et revenir à la chasse. En tant qu'individu en forêt tropicale, j'avais la parole de l'homme, et je savais que sa parole était d'or.
Joseph et moi sommes partis du camp de Tokasa par des chemins différents et nous nous sommes retrouvés à Yaounde vers la fin de mon séjour. Il m'a alors accompagné en autobus à Douala et jusqu'à la ville de villégiature de Limbe. Pendant ces trois jours hors de la forêt un autre homme a commencé d'émerger. Un homme du monde, à la fois confiant et prudent, ouvert et honnête, et tout à fait lucide par rapport à sa place et à son potentiel dans ce monde difficile. À l'Hôtel Atlantique à Limbe je pris en vidéo une longue interview de Joseph l'ex-chasseur de gorille.
Joseph garçon avait été désigné pour faire une école technique, mais les fonds ont été utilisés pour envoyer son frère au collège à sa place. Après le lycée il se trouva partant à la dérive, acceptant différent travaux depuis garçon de maison à Limbe, jusqu'à modiste et directeur de restaurant à Yaounde. Il voyagea au nord pour aller travailler au Nigeria, puis revint à Yaounde pour étudier le français, et, à l'âge de 28 ans, il déménagea dans la province de l'est pour un nouveau départ dans l'état frontière du Cameroun. Là, il se maria avec une femme pygmée B'aka, s'adaptant encore à une autre langue et culture. Alors que les journalistes et les équipes de télé commençaient à faire connaître l'exploitation de la flore et de la faune de l'est du Cameroun, Joseph, avec ses compétences et connaissance pertinentes, se révélait un précieux conseiller. Maintenant il se découvrait encore un autre talent en devenant mon guide de visite privé.
Nous avons parlé pendant des heures et des jours durant au sujet de vie au Cameroun et dans la brousse. À la fin j'ai été convaincu que Joseph, avec son mélange exceptionnel de compétences, n'était que la pointe d'un iceberg. Il y avait au moins une douzaine d'autres chasseurs de viande de brousse dans la concession SEBC qui avaient une volonté suffisante et la capacité de servir l'effort de conservation. Comme je regardais l'autobus de Joseph vrombir hors de la ville de Limbe, j'étais persuadé que ce qui avait déjà été accompli dans d'autres pays africains - la conversion de braconniers en dispositifs de protection (par exemple: Owens & Owens, 1993) -- pouvait aussi être accompli au Cameroun. Joseph Melloh pouvait être le premier d'un grand nombre.
Maintenant il y a un homme dans la forêt tropicale de l'est du Cameroun qui consciencieusement enregistre les événements qui le touchent le plus, en se concentrant sur ce qui produit une sensation de réalisation pour sa vie, et qui, face à l'adversité, s'efforce de terminer cette saison de chasse et cette année sans tuer de singe ou toute autre créature vivante. En août j'ai reçu par courrier un paquet de Joseph. Jusqu'alors, il avait subsisté sans chasser. Il avait aussi construit une dépendance à sa maison et continuait de cultiver la terre dans le village de Bordeaux où vit sa famille. Son exploit le plus intriguant à mon avis est illustré par ces quatre rubriques de son journal:
Que Joseph ait pu convaincre Davide de ne pas tirer sur les gorilles dans la forêt est un signe prometteur. Les deux hommes auraient pu se faire $60 à $80 en abattant et en vendant un mâle au dos argenté de chaque groupe. Les $20 par semaine que j'avais avancé à Joseph n'égalent pas cette motivation économique. Je crois que les deux hommes ont pris en considération quelque chose de meilleur pour leur futur : certains avantages provenant du sauvetage des gorilles plutôt que de leur abattage. Et nous pouvons dire avec un certain degré de confiance que deux grands anthropoïdes ont été épargnés par les balles, pour au moins quelques temps, grâce à notre petite intervention.
- 1er juin: " j'ai quitté Bordeaux pour aller visiter Davide à son camp. "
- 2 juin: " Davide et moi sommes allés dans la forêt où il avait l'habitude de chasser et nous avons rencontré deux groupes de gorilles sur lesquels je lui ai demandé de ne pas tirer. Il a accepté de ne pas les tuer. J'ai passé la nuit avec lui là dans la forêt. Il n'a pris que quelque petits singes pour son commerce. "
- 3 juin: " Davide et moi avons passés une autre nuit en forêt ".
- 4 juin: " j'ai quitté le camp de Davide et je suis retourné dans ma famille à Bordeaux ".
Mais en dépit de son succès préliminaire dans l'arène de la protection de la faune, Joseph a rapporté que sa famille avait échoué dans leur programme rural. Les fruits et le miel étaient peu abondants : ils n'ont pas fais assez d'argent pour tenir jusqu'à la prochaine récolte. Avec les donations des amis de CSULA et de LA Zoo, Le Biosynergy Institute (BSI) a pu envoyé encore $400 à Joseph avec un contrat qui définit les buts de notre investissement supplémentaire.
1er but) encourager Joseph et sa famille à maintenir leur santé et leur bien-être pendant la période de transition vers sa nouvelle vie carrière.
2ème but) guider Joseph pour obtenir la formation et l'emploi qui transformeront ses compétences et sa compréhension de la faune au Cameroun en atouts pour la protection de la faune, l'éducation, et le tourisme.
3ème but) fournir au Dr. Rose des renseignements fiables afin que BSI et ses donateurs puissent vérifier et subvenir effectivement aux besoins et aux réalisations de Joseph et de sa famille durant cette transition.
4ème but) s'assurer que Joseph et sa famille s'abstiennent de chasser, de piéger, d'acheter et de manger tout animal dont la population en voie d'extinction, et qu'ils concentrent leur énergie et ressources sur de nouvelles activités et réalisations les aidant à servir l'effort de conservation de la faune.
Pendant que l'argent et le contrat étaient en transit vers le Cameroun j'ai reçu un coup de téléphone du Chef de la Faune du gouvernement à Bertoua. Le fonctionnaire a rapporté que ses gardes forestiers avaient arrêté et poursuivis en justice un groupe d'hommes et de femmes transportant des tonnes de viandes d'éléphant, de gorille, et de chimpanzé. Il m'a aussi dit qu'il avait été en contact avec Joseph et m'a vivement recommandé de soutenir l'homme qui était " un précieux indicateur sur la situation de la chasse dans la forêt profonde de SEBC. " Lorsque je lui ai répondu que l'argent était en chemin, le Chef s'est montré ravi et a offert d'aider par tous les moyens en sa possession le programme de formation et de ré-emploi pour Joseph.
Malheureusement ce programme est plus facile à concevoir qu'à accomplir. Un cadre français de l'industrie forestière a offert l'utilisation de sections de sa nouvelle concession forestière de million d'hectares pour instaurer un site touristique de la faune sauvage, à la condition que Joseph puisse développer un rapport actif avec les résidents locaux et établir une région protégée sûre. Malgré sa débrouillardise, Joseph a encore besoin de supports professionnels et financiers pour un tel projet. Une donation pour sa subsistance et celle de sa famille pendant au moins les 2 années à venir est fondamentale. Je suis sûr que rien que cela maintiendrait Joseph hors du circuit de commerce de viande de brousse. Mais il est tout aussi primordial de trouver et d'embaucher des professionnels aux compétences pertinentes pour former Joseph et d'autres chasseurs et de développer et d'établir pour eux des emplois en rapport avec la conservation au Cameroun.
Jusqu'à présent nous avons suivi beaucoup de filières sans aboutir. Les donateurs traditionnels louent nos poursuites, mais dépensent leur argent sur leurs anciens projets habituels. Le talent professionnel va où l'argent se trouve -- les plus dévoués parmi nous doivent gagner leur vie. Les gouvernements et agences privées dans des lieux comme le Cameroun sont si pauvres financièrement qu'ils ne peuvent pas effectuer leurs devoirs, et encore moins commencer de nouveaux programmes sans supports étrangers. Ironiquement, tout cet effort pourrait être lancé pour le prix d'une des automobiles du luxe en promotion chez un concessionnaire à quelques blocs de ma maison. Cinq BMW pourraient mettre un grand nombre de chasseurs au travail pour des projets de conservation de la faune, aideraient des douzaines d'économies locales et sauveraient des milliers d'animaux en danger dans les forêts tropicale du Cameroun.
Je suis allé dans la province de l'est du Cameroun pour connaître la vie les chasseurs commerciaux dans la brousse. Je suis revenu convaincu que ces hommes et les systèmes socio-économiques qui les enserrent peuvent être changés de manière à restaurer et à enrichir les individus et l'héritage naturel. Mon engagement pour faciliter ces changements reste vigoureux --avec optimisme la volonté peut faire du chemin. La prochaine lettre de Joseph devrait avoir été postée, peut-être annonçant la naissance de son nouvel enfant et indiquant qu'il a réussi à tenir sa promesse d'éviter de chasser pendant deux autre mois. Aujourd'hui je vais discuter avec mes enfants pour décider combien d'argent notre famille va envoyer à Joseph comme cadeau de Noël. Demain j'enverrai cette histoire à un ami en lui demandant des idées et son soutient.
Par une douce après-midi au camp de Tokasa, j'ai passé la camera vidéo à Joseph et lui ai demandé de m'interviewer. Ça lui a plu et il est allé droit au but.
Il m'a demandé : " M. Anthony, vous vous intéressez à moi parce que je suis chasseur ou parce que vous voulez améliorer ma vie ? "
J'ai bien réfléchi avant de répondre. " La première fois que je suis venu ici au camp de Tokasa c'était pour en apprendre sur les chasseurs et pour voir si je pourrais les aider à améliorer leur vie et celle des animaux sauvages d'ici. Mais, après ces quelques jours de vie commune, mon but est devenu une affaire personnelle. Maintenant je veux t'aider, toi, Joseph, et ta famille à améliorer votre vie. "
Je suis allé à Cameroun en tant que défenseur de l'environnement et j'en suis revenu un ami.
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Références:
Owens, D, and Owens, M. (1992) The Eye of the Elephant. Houghton-Mifflin, New York.
Rose, A. L. (1996a) The African forest bushmeat crisis. African Primates, 2 (1): 32-34.
Rose, A. L. (1996b) The African great ape bushmeat crisis. Pan African News, 3 (2): 1-6.
Les lecteurs sont invités à contribuer au projet Viande de brousse du Biosynergy Institute. Votre support pour le programme " de braconniers à protecteur " aidera Joseph et d'autres hommes et femmes à arrêter le commerce de la viande de brousse, à se consacrer au sauvetage des grands anthropoïdes et à protéger l'héritage naturel et culturel du Cameroun. Écrivez au project Viande de brousse P. O. Box 488, Hermosa Beach, CA 90254 ou envoyez un mél à pour savoir comment vous pouvez aider.
Joseph a écrit depuis pour dire que, bien qu'encore dans des difficultés financières, il n'ait pas tué de grands anthropoïdes, et qu'il a réussi à persuader Davide de ne plus les tuer.Le Dr. Rose est en train d'écrire un livre au sujet de la crise des grands anthropoïdes à publier l'an prochain.
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